Frédéric Waniart : une vie comme un bord sur fond de rock n'roll (2/2)
Dernier venu dans le team VSM, Frédéric Waniart est à la recherche de sponsors pour la saison 2016. Portrait d'un loup. Un vrai.
A 25 ans, son beau père lui donne le choix entre lui offrir les frais de son mariage ou un chèque. “J'ai choisi un chèque et me suis marié dans l’intimité familiale.” Son premier achat est une coque de Challenger à voûte, un gréement, un lest et un safran le tout de soling. “J'ai pu acheter des voiles de soling – celles de Bertrand Cheret en préparation olympique qu'il me vendait avec le chiffre "4" en plus : son numéro de voile étant F113 et le mien F1134. Pratique. J'ai mis deux ans a le préparer et quand Green Story a gagné ses premières courses je l'ai vendu pour aller travailler en Irak.”
Au pays du Raïs, la voile n'est pas vraiment le sport national. Contrôleur de gestion pour le groupe de travaux publics Bouygues, Frédéric Waniart en profite pour visiter le Proche et Moyen-Orient qui commence à s'embourber dans la guerre irako-irannienne.
Quelques années plus tard, retour en France mais pas n'importe où : à Civray. “C'est facile à trouver, c'est à 60 km de Poitier, 60 km de Niort, 60 km d'Angoulême. En gros, au milieu de nulle part. Professionnellement, je me suis éclaté mais la voile était mise entre parenthèses.” Si sa passion marque une pause avec une petite famille qui s'agrandit, elle se manifeste subtilement sous la forme de trois Micro-Cuppers (5,5 mètres) qu'il prépare à ses heures perdues dans son garage. “Une fois par an, ma femme m'autorisait à courir la Micro Cup. J'ai pu visiter ainsi Gdansk, Rust, Ouistreham Hourtin... De grands moments de plaisir.”
Musique à fond dans le baston
Début des années 1990, revoilà la mer. Concarneau plus précisément, où il rachète une société de télémarketing et un Mini-tonner, Bidulle, sur lequel il navigue avec une bande de gamins de 18-20 ans. “Le jour où Jean Le Cam et Florence Arthaud sont immortalisés en enfournant sur Chattawak, je suis à côté en train de tirer des bords avec deux ris sur la Grand Voile en solo, avec la musique à fond.” Ah oui, on a oublié de vous dire que Frédéric Waniart écoute des classiques du rock 60s-70s (Pink Floyd, Rolling Stones...) pendant ses navigations, jusqu'à pomper 15 % de sa consommation d'électrique.
Son parcours professionnel le ballote de ville en ville, Toulon, Mantes-La-Jolie... Jusqu'à Dunkerque, où il monte une société de négoce de matériaux. “Mon associé avait une voiture de fonction, moi, c'était un bateau. Je crois que je devais être le seul à en avoir un en France. J'avais, à l'époque, un Aphrodite 101, Vim. Ce fut mon premier bateau, à 50 ans, avec des toilettes fixes et un moteur inboard. Tout a été changé : accastillage Harken, mât carbone, renforts de coques (pose de 25 m d’oméga...).”
Vim navigue propre : Ostende-Ramsgate, Channel Race, Cervantes Trophy, championnat Ligue Flandre Artois, deux Triangles de Dinard, Championnat UNCL en double, Étai Indien à St Malo. “Toutes ces courses ont été gagnées. Souvent toutes classes. Un superbe bateau. En cinq ans, j'ai tout gagné en Bretagne et pendant tout ce temps, je ne me suis plus acheté de polos tellement j'en ai récoltés.”
Une épouse aussi contente quand il part naviguer que quand il revient
Vim commençant à faire son âge, son choix se tourne vers Maeva, qui a remporté la Normandie Solo et la Quadro Solo. “Bienvenue” en tahitien, cet Arlequin a de l'allure et du potentiel. Après les nombreux lifting qui lui ajoutent 600 kg de plus qu'à sa sortie de chantier, Maeva remporte le championnat CDV 22, la Normandie Solo, les régates en double de St Malo, le championnat Anglais en solitaire (SORC), le premier championnat UNCL en solo, la Cowes-Dartmouth, termine deux fois deuxième de la Half Ton Cup Classic en série et 3e du Tour de l'île de Wight. “Je fais 5000 milles par saison dont la moitié en course mais je suis jeune,” esquisse-t-il.
Désormais à temps plein sur Maeva, Frédéric Waniart passe plusieurs mois de l'année à naviguer “pour être en accord avec [lui]-même et vivre [sa] passion.” Les enfants ont désormais grandi, son épouse est aussi contente quand il part naviguer que quand il revient, alors c'est décidé, la saison prochaine il veut relever d'autres défis en plus de défendre ses titres de champion de France et d'Angleterre.
“Visiter à Niewpoort le musée des 12 MJ en y allant à la voile et le Jester Challenge 2016. Plymouth-Les Acores en solitaire sans règles de course : ligne de départ, ligne d’arrivée, pas de temps limite, pas de règle de sécurité. L'esprit de Jester c'est “Un Homme, Un Océan, un Bateau”. Une course de gentleman.” Pour ça, un budget 2016 est à boucler. 35 000 euros lui permettraient de donner une nouvelle dimension à Maeva. Le roman n'est pas terminé.