#TJV2015 : une valeur sure pour les sponsors ?

"La peste ou le choléra", titrait Voiles et Voiliers pour décrire le choix cornélien qui attend, dans la nuit de lundi à mardi, les 41 bateaux (Maître Coq en escale technique) et leur duo à bord engagés sur la 12e Transat Jacques-Vabre partie dimanche du Havre. Deux options donc s'offrent aux 82 marins : "passer par le Nord et contourner le problème avec plus de vent mais en bénéficiant d’un angle par rapport à celui-ci bénéfique à la vitesse et ce jusqu’à une bascule de vent peu ou prou au niveau du 12e Ouest qui permettra enfin de partir vers le Sud, soit faire une route plus directe qui implique de se faire secouer méchamment au près."
On laissera aux acteurs de la course le soin de prendre la meilleure option afin d'assurer l'essentiel : terminer la course, sur un bateau entier et en vie si possible. Et peste ou choléra, cette option reste la plus précieuse aux yeux des marins avisés et des sponsors qui ont permis à la grande majorité des bateaux de prendre le départ.
Même si certains persiflent que les médias ne parlent que du vainqueur, du dernier et de celui qui a coulé, le bon sens prévaut encore. Le dicton du marketer "any publicity is good publicity" atteint ses limites lorsqu'on assiste à une avarie en règle avec homme à la mer et nom du sponsor à moitié sous l'eau. Certes, si images il y a, elles tourneront en boucle sur le web mais que ce soit pour le skipper ou les sponsors, rien de tel pour tuer dans l'œuf de futurs projets communs. Heureusement certains sponsors tiennent encore leurs engagements en intégrant les risques mécaniques inhérents à la course au large.
Moins "tabarlesque" mais plus sûr
On pense à Sodebo qui a vu rentrer prématurément Thomas Coville, le flotteur et le cœur brisés, lors de la dernière Route du Rhum. On pense aussi à Groupama qui a continué à miser, jusqu'à le suivre sur la Coupe de l'America, sur Franck Cammas en dépit de son chavirage en 2008 au large de la Nouvelle-Zélande, lors de sa tentative du Trophée Jules-Verne sur Groupama 3. Un autre exemple est le naufrage d'Yvan Bourgnon, aujourd'hui engagé sur "La French Tech Rennes Saint-Malo" avec Gilles Lamiré, au Sri Lanka lors de son tour du monde en cata, avait ému et peut-être convaincu certains sponsors de financer la fin de sa grande boucle.
Par définition, une course au large sera toujours loin de toutes assistances mais la navigation en double, même si elle évoque moins l'aventure tabarlesque du solitaire, a l'avantage d'être plus sure. Depuis sa création en 1992, seule la disparition en 1999 de Paul Vatine a endeuillé la transat (Lire l'article de Jean-Louis Le Touzet, Libération).
Autre transat qui se court tous les deux et en double mais sur Figaro Bénéteau 2, la Transat AG2R-La Mondiale bénéficie aussi de cette assurance-sécurité. Depuis la première édition en 1993, la course a connu des avaries mais aucune perte humaine. Et l'assureur peut se féliciter de son engagement dans une course qui se doit d'être sure pour son image. Partenaire titre de la transat depuis 1992, elle estime que l'édition 2014 a connu une audience médiatique de plus d'1,1 milliard de contacts et représenté un équivalent publicitaire de 8,4 millons d'achats d'espace alors que le budget annuel est d'un million et demi d'euros.
Bien avant que les marins eurent à choisir la meilleure option pour se sortir du Golfe de Gascogne, leurs sponsors ont donc bien fait de financer des projets sûrs et tout aussi passionnant en terme de communication, interne et externe.